AU SOMMAIRE :

. Encore du voyage ? – Edito –

. A-t-on vraiment besoin de voyager ? – Anne Laure Mignon – Deux ans de voyages compliqués, de déplacements stoppés…Depuis le 17 Mars 2020, l’action de “voyager” s’est complexifiée, au point qu’elle est devenue abstraite. Pas si grave, car comme l’avait prononcé E. Macron à cette date : “voyager n’est de toute façon pas un besoin essentiel”.  Vraiment ? N’éprouve t’on aucun besoin à voyager ? On fait le point à propos de nos désirs de voyages, peut être bien plus ancrés en nous qu’on ne le pense… – illustrations : Mathilde Leroy –

“Je hais les voyages “ – J-F Lacroix – 1955. Claude Levi Strauss ouvrit “tristes tropiques” par cet incipit, lâchant un doux missile sur les conteurs de voyages qui (déjà) romançaient les explorations, usaient de poncifs pour décrire une certaine magie des paysages, une beauté de la rencontre, comme autant d’émotions préfabriquées pour de beaux discours…Mais au delà de la provocation, l’auteur s’adressait d’abord à lui même : déçu. Déçu de son voyage, gravant son mea-culpa sur ce carnet de bord public, en remettant au monde cette question : au fait, que cherche-t-on et que trouve-t-on, au bout d’un voyage ? Illustrations : Irene Servillo 

.Destination nulle part  Maxime Brousse – Prendre n’importe quelle route, aller ailleurs, se retrouver quelque part…Ou pourquoi pas s’imaginer qu’on est quelque part, sans s’y trouver ?…”je crois que les voyages comme la langue doivent devenir une matière qu’on modèle.” Le journaliste et écrivain Maxime Brousse prend des chemins inattendus et visite des lieux qui oscillent entre le réel et notre imaginaire, remettant en question le principe même de la  “destination”. Illustrations : Titia Thomann

De l’exception à la banalisation du voyage  itw Rodolphe Christin – Aujourd’hui, qui n’a pas vu quoi ? Quel coin du monde un guide, un influenceur voyage ou juste Google ne vous a pas pas déjà montré ? Comment palier au manque de surprise, d’émerveillement lorsqu’on voyage ? Depuis 15 ans, le sociologue Rodolphe Christin s’intéresse à la question du voyage, aux effets du tourisme, appelant à moins se déplacer. Il est l’auteur de “La vraie vie est ici, voyager encore ?”, où il affirme la nécessité de questionner et de repenser le voyage si l’on veut encore que celui ci nous émerveille, à se défaire du voyage qu’on nous sert, à s’ensauvager. Nous l’avons rencontré. Illustrations : Sandra Rivaud 

Quizz “d’avant départ”: – Etes-vous plutôt aventurier.e ou aventureux.se (ou aucun des deux) ? – Voici un quizz pour comprendre votre vraie nature de voyageur !

Tout est-il à jeter dans le tourisme ? – Itw de Remy Knafou – Ringards, vulgaires, les “touristes” en ont toujours pris pour leur grade.  Un phénomène qui s’accentue depuis que de nouveaux voyageurs vertueux se démarqueraient de la dite catégorie. Or attention noble “voyageur”, on reste toujours le touriste de quelqu’un ! On peut néanmoins émettre une critique objective à propos de l’industrie touristique, qui a créé en un siècle des dégâts environnementaux, économiques et sociaux partout où  elle est passée. Aujourd’hui pour certains, le tourisme serait à “réinventer”. Pour d’autres il est à oublier définitivement, car par essence nocif. Mais si l’on devait faire un bilan d’un siècle de “démocratisation” du tourisme, en ressortirions nous tout de même avec quelques bienfaits ? Tout est il vraiment à jeter dans le tourisme ? On en parle avec Remy Knafou,  chercheur, géographe et auteur de plusieurs ouvrages sur ce sujet. – Illustration : Titia Thomann –

After the gold rush :  Jean François Lacroix – Faut-il voyager dans l’espace ? Pour nous, la réponse est non, on tente d’expliquer pourquoi  grâce à une chanson de Neil Young (salut les boomers !), au mouvement environnementaliste du début des années 70 et grâce à quelques vieux bouquins de Science Fiction  !  Photos : Camille Parenthoine –

Venise contre les paquebots :   Tomasso Cacciari – Aout 2021 – Après des années de lutte, l’association  “Comitato No grandi Navi” de Venise obtient une grande victoire : toute croisière de plus de 180 M de long et pesant plus de 25000 tonnes est interdite d’entrer dans le lagon. Un combat de 10 ans, mené par le leader de l’association Tommasso Cacciari, qu’on a rencontré. Il nous explique ces 10 années de lutte, et en quoi cette victoire n’est qu’une étape vers celle finale : l’interdiction totale des sociétés de croisière dans toute la lagune. Illustrations : Sandra Rivaud

Ceux qui l’aiment le prendront de nuit :  Lauriane Gepner – ” peu importe le voyage, pourvu que l’horizon soit vaste” disait un t-shirt de mon père quand j’étais petite. Sans savoir pourquoi, cette phrase s’est inscrite dans mon paysage comme un refrain. Penser au voyage en train la refait surgir. L’horizon y défile sans rencontrer d’obstacle, livrant à la vue un panorama où l’esprit ne s’accroche à rien mais, imitant le train, file lui aussi, dérivant dans ses propres méandres…” Dernier appel avant embarquement immédiat pour les trains rêvés de Lauriane Gepner, qui ne pouvaient donc rouler que de nuit ! Illustration : Titia Thomann

Compagnons de route : Et oui, les animaux de compagnie voyagent aussi ! Certains deviennent même de sacrés aventuriers, dès lors qu’il s’agit de retrouver leur foyer, leur maitre (ou juste la main qui les nourrit) Petit florilège d’exploits illustrés de ces chiens et chats qui eux ont résolu la problématique du “a t-on besoin de voyager ?”, inspirés par la phrase de Samuel Beckett : “on ne voyage pas pour le plaisir, on est con mais pas à ce point-là !” 

“Digital Nomads”, tendance ou mode de vie ?  Anne Laure Mignon  Témoignages : Voyager en travaillant, travailler en voyageant, ou peut-être finalement aucun des deux ? La journaliste Anne-Laure Mignon part recueillir les témoignages de “digital nomads” aux quatre coins du monde, entre épanouissements pour les uns et envers du décor pour les autres. Illustration : Titia Thomann

“Routes du nord”  – photographie – Louise Johansson – Louise habite à Aalborg, ville côtière du nord du Danemark. Elle y travaille ses clichés, son style qui se concentre sur les lumières fragiles de l’aube, dans cette région tournée vers la mer du nord. Elle crée ses compositions en jouant avec les halo artificiels de la ville industrielle, et fait de ces atmosphères sa spécialité. Combinant scènes urbaines et paysages naturels dans ce portfolio, elle nous ouvre les portes de ces lieux étranges.

Les Greeters ou le pouvoir de la rencontre : Johnathan Huffstutler – Que signifie “visiter” une ville aujourd’hui ? Si pour certains c’est l’arpenter en totale impro, pour d’autres il s’agit de l’envisager grâce à un guide, digital papier ou physique. Bonne nouvelle pour les lassés des visites traditionnelles, avec les Greeters, on sort des chemins balisés pour aller vers une expérience basée sur une rencontre, grâce à leurs milliers de bénévoles qui vous accueillent dans toutes les villes de France, un voyage totalement dématérialisé, une expérience sans transaction financière.  

Virée portuaire avec Jacques, gardien des maux de la mer : Jacques Mahieu a grandi à Boulogne sur Mer. Depuis petit, il est imprégné du monde marin dont est issu toute sa famille maternelle. Il s’intéresse depuis longtemps aux drames de mer, au moeurs, au langage de la société marine. Grâce à la généalogie maritime, il a même retracé le passé des familles de pêcheurs de la région, dont la sienne. Durant notre rencontre, on reparcourt l’histoire d’une ville populaire où jadis de riches Anglais venaient y passer le week-end, d’une gare maritime où il a travaillé et qui a connu ses grandes heures (dont on ira voir les vestiges), d’un marché au poisson chaleureux et populaire, puis on ira boire une bière à heure d’affluence dans un bar de pêcheurs, au sein du port industriel. Illustration : Mathilde Bedouet – 

Ces lieux qui réchauffent : Rencontre avec les cuisiniers de “La table du Recho” : Pour certains le voyage n’est pas d’agrément, et pour les réfugiés de l’association Le Récho, il est encore synonyme d’exil. Pour autant, depuis qu’ils vivent dans cette ancienne caserne, certains d’entre eux s’ouvrent à de nouvelles perspectives, notamment grâce à la cuisine, activité phare de La table du Recho, où ils travaillent comme cuisiniers, ou serveurs. Rencontre avec les cuistos du Recho, qui nous parlent des rencontres qu’ils ont vécu dans ce lieu d’exception, de la cuisine comme opportunité pour suivre des voies multiples, et du lien qu’ils entretiennent avec leur pays d’origine grâce à celle-ci. Illustrations : Mathilde Bedouet

Mystère et misère de cartes postales – Jean- François Lacroix – Il y a 130 ans, le marseillais Dominique Piazza envoyait la toute première carte postale photographiée…Depuis, le petit bout de bristol timbré a fait un long voyage, qui aurait pu s’arrêter à l’ère du numérique…mais non. Tout comme l’ebook n’a pas tué le livre, de la même manière que la télé n’a pas disparu après internet et que les vinyles font toujours le bonheur des collectionneurs, la carte postale est encore là, et elle trône encore dans nos boites aux lettres au milieu d’enveloppes aussi pâles que leurs intitulés. Elle a tout connu, des périodes lumineuses et d’autres plus sombres, retour sur un objet voyageur étrange. Photos : Camille Parenthoine

Hors saison  portfolio   par Mayssa Jaoudat et Serena Rampon : Les lieux communs ont t’ils quelque chose à nous dire ? Oui, notamment lorsqu’ils se vident…Les artistes Serena Rampon et Mayssa Jaoudat ont capturé la subjectivité d’endroits “carte postale”, là où le temps semble avoir été déposé. Des ces bulles touristiques l’émotion surgit, que ce soit du côté de Rimini en Italie ou sur la côte Marocaine, dans la région de Casablanca, des lieux où il se dégage une aura qu’on pourrait justement qualifier d’hors du “commun”…

Ma boring carte postale : par Yoann Vrignaud – “14 septembre 2021, Midi à Valognes, avec la grand-mère, le père, et le fils. Amen…” Pas besoin d’en dire plus…

Benidorm au patrimoine mondial de l’UNESCO ? – Jean-François Lacroix – A chaque édition d’Offtrack, on vous ouvre les portes de stations balnéaires, afin d’aller voir ce qui se passe derrière la carte postale, et de se poser la question : que vont devenir ces lieux jadis encensés, symboles du tourisme de masse ? Pour cette première, direction Benidorm, première destination touristique de la Costa Blanca, un lieu populaire aussi hait qu’aimé en Espagne…Une ville qui malgré ses détracteurs pourrait s’ouvrir les portes du patrimoine de l’Unesco. Illustrations : Titia Thomann

Pourquoi tu pars ? avec Céline Escalère – “je pars pédaler un peu. Je pense faire 35 000 km et visiter une trentaine de pays. Il va faire beau, je ne vais pas crever une seule fois. J’ai un vélo, un klaxon, je crois que j’ai tout.” En mai 2017, c’est par ces mots que Céline Escalère lança le départ d’un long voyage, seule et vélo, de sa Seine et Marne natale jusqu’aux portes de la Chine. Un message posté avant les premiers coups de pédales, après avoir checké qu’elle n’avait rien oublié dans les sacoches de son VSF tX400, son fidèle binôme. Une aventure préparée à l’avance reste-t-elle une aventure ? En découvrant celle de Céline on peut penser que oui, tant rien ne s’est passé comme prévu. Céline nous raconte l’avant, l’aventure elle même, et la drôle de sensation qu’on ressent dans l’après voyage. Illustrations : Titia thomann

Eroica, la boucle dans le temps – avec Simone Santini et Giancarlo Brocchi – Bienvenue à Gaiole à 30km au nord de Sienne. Ici, depuis 1997, à chaque premier dimanche d’octobre, il s’organise une messe étrange. Les strada bianche, routes blanches sinueuses du Chianti voient défiler des centaines d’illuminés, habillés façon “retro”, sur des très vieux vélos…On l’appelle “l’héroique”, et c’est bien ce qu’il faut être pour partir à l’assaut des 200KM de routes vallonnées sur des vélos anciens…Aussi anciens que les paysages, qui entourent cette épreuve, devenue légendaire. – Photos : Simone Santini –

Si la nuit Lisboète nous était contée  Vincent Barros – Offtrack s’est aventuré dans la capitale portugaise pour s’immerger dans sa culture festive. Imprégnés de ses rythmes musicaux du crépuscule au petit matin, nous sommes finalement revenus avec deux récits…L’un en ville, dans un bar populaire au rythme du fado et d’une ambiance chaleureuse portée par une clientèle d’habitués. L’autre en dehors de la capitale, en périphérie, pour une rave party organisée par le label Underground Meco ! Photos : Vincent Barros et Antonie Colombini

Avec qui partir ? Les voyages en solo, ça peut vite devenir chiant, entre remises en question et contemplations plus ou moins forcées devant de grands paysages…Pour éviter la dépression du “voyager seul” et choisir le meilleur compagnon de route possible, consultons le genre du road-movie américain, qui nous a fournit moults conseils en terme de “pote de voyage” !

Des échos au pied du Vésuve  Jean-François Lacroix – A l’heure covidienne qui n’en finit plus, rembobinons 50 ans en arrière, au moment où un groupe de rock a forgé sa légende en effectuant un live sans public, à rebours de son époque et dans l’enceinte d’un monument historique. Parfois, une petite étincelle est nécessaire pour que se crée dans l’histoire un moment indélébile. C’est ce qui s’est passé avec ce concert de Pink Floyd, un soir d’octobre à Pompei, à jamais gravé dans le  grand livre du rock. Nullement décidé suite à un brainstorming d’une team marketing zélée, le live le plus ovniesque du XXe siècle fût bel et bien amorcé un peu par hasard, lors d’une banale visite touristique…

Dialogues avec….Alexis Le Rossignol : Alexis Le Rossignol de la Bande Originale (France Inter) est notre premier passager interviewé pour Offtrack ! On part ensemble du Ladakh au Mexique en passant par les Deux Sèvres, théâtre de son dernier roman “les voies parallèles” (éditions Plon), un drôle de voyage dans un coin de l’espace et du temps…On y discute écrivains du voyage, stand-uppers mexicains, mobylettes de la liberté, hôtels “le terminus” et routiers d’extrême orient, entre autres ! Illustration : Titia Thomann

Travel Horrorscope  Yoann Vrignaud – Où partir ? Un choix jamais facile, surtout lorsqu’on a sale caractère…Quel rapport ? Immense rapport. Pourquoi ces foutues vacances de 2011 ont foiré selon vous ? C’est pourtant simple, la destination choisie n’était pas adapté à votre signe astral. Le poisson ne nage pas dans toutes les latitudes, le bélier ne broute pas toutes les herbes. Heureusement, le grand astro-voyant Yoann Vrignaud est le seul parmi ses confrères à deviner la compatibilité de votre signe avec votre potentielle destination de vacances. Entre autres dons de dieu (dixit lui même), car il peut aussi vous conseiller sur votre futur barbecue ou le choix d’un animal de compagnie par cette méthode. Merci, ô grand voyant.